Petit topo sur la Géorgie
Manifestation massive, législation anti-queer, autoritarisme et Europe.
La Georgie, pays situé aux limites de l’Europe de l’Est et de l’Ouest de l’Asie, entre la mer Noire, la Russie, la Turquie, l’Arménie et l’Azerbaijan, est habitée de profondes tensions politiques depuis ses dernières élections jugées frauduleuses par une grande partie de la population.
Alors que le pays fait face à des manifestations massives dénonçant le trucage des élections et l’autoritarisme croissant du pays, le gouvernement d’Irakli Kobakhidze et du parti “Rêve géorgien” vient de passer un ensemble de lois anti LGBTQ+ gravissimes.
Selon ces nouvelles lois, dorénavant :
- L’accès à l’hormonothérapie et aux chirurgies affirmatives sera banni pour les personnes trans (tous âges confondus);
- Toute reconnaissance légale sera prohibée;
- Les manifestations ou regroupements pacifiques liés à tout enjeu LGBT seront restreints et réprimés;
- Tout contenu à teneur LGBT sera censuré, tant dans les milieux académiques qu’au cinéma, au théâtre, à la télévision, etc.;
- Toute personne non-hétérosexuelle se verra interdire l’adoption d’enfant;
- Le mariage gay et toutes autres formes d’unions civiles non-hétérosexuelles seront explicitement illégales.
La façon dont ces législations seront appliquées demeure floue, mais celles-ci cristallisent certainement les oppressions systémiques vécues par les personnes LGBTQ; il est évident qu’elles entraineront des conséquences dévastatrices.
Malgré la distance qui nous sépare de la Géorgie, nous devrions nous inquiéter. Les dernières années nous ont démontré à quel point les réseaux de haines étaient connectés à l’internationale. De telles mesures finissent toujours par dépasser les frontières !
Les communautés locales se mobilisent, mais la trajectoire de l’état géorgien semble déjà tracée et les changements bien entamés. Comme ses contreparties françaises, américaines et canadiennes, les classes politiques géorgiennes semblent faire de nos communautés un ennemi et un marche pied vers toujours plus de pouvoir.
C’est un symptôme de la montée de l’autoritarisme et du fascisme. La société civile est sous attaque! Les activistes sont opprimés, notamment par des nouvelles lois et mesures répressives qui cherchent à écraser toute opposition au régime en place ; « There will be no revolution in Georgia », il y a des centaines d’arrestations illégales qui visent également les journalistes; et les droits humains reculent gravement.
Le peuple géorgien nous inspire cependant, et sa mobilisation depuis le 25 novembre témoigne du courage et de la détermination de la résistance de la rue face à la fascisation de l’état.
Tout ceci se joue sur un fond de lutte d’influence entre la Russie de Poutine et le bloc occidental de l’OTAN + Union européenne.
Le gouvernement de Kobakhidze est proche du régime fasciste de Moscou, et donc une partie de l’opposition est naturellement composée de partisans de l’Union européenne.
Quoique rejoindre l’Union européenne puisse paraitre favoriser la protection des droits humains et la démocratie (et sans prétendre que nous savons mieux que les Géorgien·nes comment mener leurs luttes), nous dénonçons le pinkwashing de l’Europe, qui, elle aussi, violente ses populations marginalisées et opprimées, sous cette montée du fascisme qui ne l’épargne évidemment pas.
Solidarité avec le peuple géorgien et courage à nos adelphes queer et trans !
À bas l’état fasciste, patriarcal et capitaliste !