S’opposer au mois de la fierté pendant un esti de génocide
GenderFail|Be Oakley
Notes et traduction par Laika
Genderfail est un projet d’édition, de création typographique et de diffusion états-uniens mené depuis 2015 par l’activiste et auteur Be Oakley. Son travail met en valeur les œuvres d’artistes queers et questionne les structures de pouvoir et les idéologies dominantes sur lesquels reposent nos processus d’archivage de la lutte. La démarche de Be Oakley est centrée autour d’une vision férocement anticapitaliste de la queerness et interroge beaucoup la notion de succès (d’où son nom, Genderfail). Iel nous invite à embrasser les potentiels émancipateur de l’échec et à nous réjouir de rater notre assimilation dans un monde pourri.
En ce mois de la Fierté, j’ai voulu traduire l’un de ses essais récents, S’opposer au mois de la fierté pendant un esti de génocide/Against pride Month During a Fucking Genocide. Écrit dans un contexte américain, avec des référents américains, il résonne tout de même fortement avec la situation de cooptation, de glamourisation et de déni qu’on observe ici, au soi-disant Québec, où l’organisme Fierté Montréal s’accapare des signifiants de notre histoire queer pour les vider de leur potentiel révolutionnaire et les mettre au service du capital et de l’État, tous deux complices du Génocide à Gaza.
Vous pouvez trouver le manifeste original (dont certaines images sont intégrées au texte traduit) ici : https://genderfailpress.info/AGAINST-PRIDE-MONTH-DURING-A-FUCKING-GENOCIDE-MANIFESTO
Prélude : n’importe quel manifeste réussi devrait être détesté pour les demandes qu’il formule envers celleux qui ont déjà tant perdu.
Supposons un instant que vous vous sentiez attaqué·e par le contenu de ce manifeste. Et bien c’est exactement ça son objectif. Il devrait faire en sorte que vous questionniez votre éthique, votre morale, et là où votre cœur penche dans ce contexte où on se demande ce qu’est devenu et ce que représente le mois de la fierté.
Ce manifeste sera bordélique, imparfait, mais avec un peu de chance il sera aussi profondément humain parce qu’il essaie d’inspirer chacun·e à incarner les idéaux que le mois de la fierté voulait défendre à l’origine : ceux d’une émeute contre l’injustice.
Beaucoup de personnes queers, trans et non binaires se sont battues férocement pour exercer leur agentivité. Mais si cette agentivité fait partie d’un système défaillant, que vaut-elle vraiment ? La libération queer n’est pas pour quelques-un·es aux dépends de toustes. Ce manifeste demande mieux : agissez, ou bien décrissez de notre chemin. Vous n’y trouverez pas un échantillon parfaitement représentatif de l’expérience queer, ni une critique nuancée de la pride. Ce manifeste vous demande de faire mieux. Oui, vous, les personnes queers et trans et non binaires. Ce manifeste demande la perfection – tout en sachant qu’elle ne peut être qu’un idéal virtuel, qui guide nos gestes quotidiens sans s’actualiser. Nous faisons l’expérience d’un système au sein duquel le contrôle nous est constamment retiré. C’est injuste qu’on demande encore de se sacrifier à celleux même qui l’ont fait déjà tant de fois pour la sécurité de nos communautés. Mais faire ce choix est aussi ce qui nous distingue de la culture coloniale, suprémaciste blanche et capitaliste qui nous tue littéralement. Alors passez votre chemin si vous êtes à la recherche de réponses polies ou institutionnelles, de réponses qui existent déjà.
Les mots qui suivent seront injustes, contradictoires, complexes, comme le fait de faire partie de la communauté queer l’est souvent. Je ne suis pas un·e universitaire, et ceci n’est pas un texte commandé par une institution ou écrit pour elle, il n’est ni édité ni rédigé sur une longue période de temps. Ça vient des tripes, c’est passionné, et ça pétille d’un amour continu et toujours renouvelé pour la queeritude et son enracinement dans un processus de libération. Ce manifeste est aussi inspiré par mon expérience d’éditeurice, dont l’objectif est de disséminer le travail d’artistes issu·es de la classe ouvrière dans mes communautés, un travail que je fais avec un temps et des ressources limitées.
J’espère que vous serez enragé·es, contrarié·es, habité·es de plusieurs émotion à la fin de votre lecture (et ce même si ces émotions sont dirigées contre moi). Pour plusieurs, ces mots entrerons en résonnance avec vos convictions et le travail que vous faites déjà pour la libération queer. J’espère vous insuffler du courage et ne pas vous faire fuir. Nous avons besoin de vos passages à l’acte, que cette pride soit dédiée à l’action. En ces temps désespérés, nous avons plus que jamais besoin de l’agentivité libératrice des personnes queer, trans, non binaires.

Ce manifeste est une introduction, un appel imparfait. L’échec est le catalyseur de mon travail à Genderfail, et mon plus grand espoir est de vous inciter à agir. S’opposer au mois de la fierté pendant un esti de génocide n’est qu’un début, et j’espère que de là vont surgir des réponses, d’autres textes, qui sauront adresser les mêmes questions de manière plus claire, voire en proposant des plans de mise en action.
Si vous êtes queer, trans, non binaire et que vous voulez discuter de ce texte ou des enjeux qu’il soulève, vous pouvez me contacter ici : genderfailproject@gmail.com
Le capitalisme s’est emparé de la queerness
Nous sommes toustes déjà au courant… et pourtant que faisons-nous pour réagir? Évidemment, c’est difficile, de déterminer de quelle manière on pourrait être en mesure de combattre l’entièreté d’un système économique en tant qu’individu. Mais nous pouvons à tous le moins lutter pour regagner une énergie collective et pour nous rappeler notre histoire commune de résistance, de libération et d’aspirations trans. Nous sommes si nombreuxses à nous être (consciemment ou non) glissé·es dans le confort violent du capitalisme, ou à avoir succombé à l’inaction dans ce monde profondément inique.
En toute honnêteté, j’appréhende chaque année l’approche du mois de la fierté, échaudé·e par la manière dont les événements qui la composent sont une célébration du capitalisme et de la reconnaissance des droits gay aux dépens de la sureté et de l’agentivité des personnes queers. Si vous êtes jugé·es inadéquat·e, handi, que vous n’êtes pas assez attrayant·e, vous n’aurez pas l’occasion de vous sentir confortable pendant ces semaines-là. Bien sûr, quelques événements de la pride font exception, mais celleux qui détiennent le plus de privilège sont constamment celleux qui sont les plus vu·es et celleux qui occupent le plus d’espace. Alors ce manifeste n’est pas dédié aux personnes queers et trans riches, glamour, mais à celleux d’entre nous qui sont handicapé·es, atteint·es de troubles mentaux, qui survivent à peine et, encore plus important, qui trouvent insoutenable d’être témoins d’un génocide se déroulant devant leurs yeux. Mon objectif en écrivant ceci est que l’homme gay blanc ait peur de rester silencieux, indifférent.
Genderfail n’a jamais eu pour objectif l’assimilation des personnes trans, queer et non binaires
Je suis ravi·e que personne ne m’ait invité·e à participer à un évènement du mois de la fierté en juin. Ça renforce mes croyances en ce que genderfail représente. Ça signifie que Genderfail n’est soutenu par aucune organisation lgbt d’envergure en dépit du fait que nous sommes vocaux·ales sur notre volonté de supporter les artistes queer, trans et non binaires. Genderfail est et a toujours été un espace pour celleux dont la transitude et la queerité ne peut pas être aisément redigérée et repackagée par les communautés gays et straight. Cette indépendance me permet d’exprimer le fond de ma pensée et d’être aussi agressif·ve que je le souhaite dans l’expression de mes objectifs.

J’emmerde le modèle supposément perfectionniste que promeut le mois de la fierté. J’emmerde Fire Island [une île à proximité de New York reconnue depuis les années 1930 pour être une destination prisée par les hommes gays aisés financièrement] et sa bullshit capitaliste. J’emmerde la surreprésentation d’un art qui idéalise l’homme blanc gay et n’est performé que pour les riches. Être queer, trans ou non binaire est bordélique, les émeutes de Stonewall sont bordéliques, et souvent contradictoires. Nous n’avons pas le temps, l’argent ou l’énergie d’être des queers « parfaits ». Nos vies, nos histoires, nos sensibilités ne nous permettent pas d’avoir des vies parfaites – une chose impossible dans ce système imparfait. Et heureusement, car je n’ai pas l’énergie, le temps ou la capacité d’être autre chose qu’imparfait·e. Je suis épuisée·e, triste et en tabarnak. Je n’ai rien à célébrer qui puisse justifier qu’on détourne notre attention de la libération de la Palestine, du démantèlement de ICE [police douanière des États-Unis qui exerce le contrôle frontalier et procède à l’expulsion des migrant·es], et de l’émancipation des personnes opprimées.
Ce n’est pas nécessaire d’être un suprémaciste blanc pour profiter des avantages octroyés par la suprématie blanche, tout particulièrement si vous ne faites rien pour la questionner
Les célébrations de la fierté et la complaisance avec laquelle elles parlent d’elles-mêmes me rappelle à quel point les valeurs américaines pourries s’y sont faufilées. La nature consumériste et vorace de ces événements est devenue parfaitement coloniale. Ce qui est d’abord apparu comme un moment essentiel de libération (les émeutes de stonewall) s’est transformé en cauchemar capitaliste composé d’hommes gays blanc qui célèbrent leur inclusion tant attendue dans les rangs de la suprématie blanche.
La fierté, dans un contexte où un génocide est en cours contre les palestinien·nes, causant la mort de milliers d’enfants, pose un contraste absolument horrifiant aux images de ces personnes queers qui célèbrent le fait qu’on leur offre enfin un siège à la table des décisions. Ça va au-delà du déni ou de la sourde oreille. C’est violent, et ça le devient encore plus si on considère les attaques répétées qui ciblent les personnes trans aux États-Unis et autour du globe. Qu’est-ce que vous célébrez, esti ? Votre accès au pouvoir ? Votre richesse ? Votre liberté ?

Je comprends que la fête puisse être un espace d’émancipation pour les queers, qu’elle peut être un lieu où connecter et assurer notre sécurité mutuelle, mais dans un contexte où les gens ont de la misère à payer leur criss de loyer, ça m’enrage. Nous n’avons pas besoin d’un calisse de party en ce moment, nous avons besoin d’une révolution. Est-ce qu’on a besoin de fêter, est-ce qu’on mérite de fêter tandis qu’un si grand nombre de nos camarades palestinien·nes meurt à cause de nos gouvernements ? Pouvez-vous sérieusement avoir du plaisir alors que ce poids-là pèse sur vos épaules ? Moi non.

Et si on faisait la grève du sexe gay pour enfin avoir gain de cause ?
Pouvons-nous envisager d’abandonner momentanément notre droit de baiser sans craindre d’être tué, un droit si chèrement acquis grâce aux membres de Act up qui ont manifesté jusque sur leur lit de mort, afin que d’autres, qui sont en ce moment en train de mourir à cause du capitalisme, puissent vivre ? Pouvons-nous comprendre que le mouvement Act up n’avait pas pour ultime objectif l’accès à un médicament qui allait sauver leur vie, mais qu’il visait carrément à réclamer un service de santé gratuit et la dignité pour toustes ? Sommes-nous capables de refuser de baiser avec les hommes gays jusqu’à ce que l’occupation de la Palestine par Israël prenne fin ? Pouvons-nous rediriger cette accumulation d’énergie sexuelle vers des objectifs révolutionnaires comme la lutte pour la libération de la Palestine ? Les palestien·nes vont continuer de mourir, les jeunes personnes trans vont continuer de se suicider, et des êtres humains vont continuer de distraire dans les prisons fédérales sans avoir eu droit à un procès. Mais si suffisamment d’hommes gays blancs se voyaient refuser des relations sexuelles jusqu’à ce que nos objectifs soient atteints, je pense que j’aurais des chances de voir la révolution se produire de mon vivant.
Incohérences queers dans un monde imparfait
Nous sommes toustes pétries de contradictions. Les sociétés dans lesquelles nous sommes né·es nous forcent à obéir à leurs règles. Ma propre faillibilité morale influence aussi ce que je dis dans ce texte. J’écris pour me mettre davantage au service de ma communauté. J’écris pour percevoir ce qui manque chez les autres comme chez moi. Je n’écris pas du haut d’un piédestal, en position de supériorité morale : j’écris à partir de la profonde douleur que me cause le fait de voir autant de gens mourir de manière insensée tandis que le monde semble continuer de tourner sans le moindre souci. Ça m’ébranle profondément. Je ne peux pas supporter cette dissonance cognitive plus longtemps. Ce manifeste, c’est moi qui crie dans le vide, moi qui utilise cette plateforme dans l’espoir de t’inspirer à agir ou de te mettre en criss assez intensément pour que te te mettes à poser des gestes qui prouvent que j’avais tort à ton sujet.
Je pense qu’un problème auquel nous faisons face est l’absence d’introspection véritable au sujet des liens qui unissent le capitalisme, la culture de la célébrité, et nos intérêts personnels. Le monde est malade. Il brule littéralement. Gaza est bombardée. Des humains en tuent d’autres pour s’accaparer une terre qui ne leur appartient pas. Tant de gens arrivent à peine à survivre tandis que d’autres gaspillent des ressources par simple ennui. Nous avons rendu tout cela possible en raison de notre participation forcée à l’hypercapitalisme, au colonialisme et aux logiques de suprématie blanche. C’est difficile de ne pas être égoïste dans un monde où le plaisir à rabais est trouvable partout.
Être queer, ça signifie aussi ruiner l’esti de party afin que toustes les personnes queers, trans et non binaires puissent respirer[i].

Choses que je rêve de voir se produire pendant le mois de la fierté
1. Des manifestant·es qui perturbent les activités de Wall Street pendant la pride, pour la Palestine. Quelque chose qui rappelle l’ampleur de ce qu’on a pu voir en termes d’action pendant la crise du sida.
2. Qu’on vandalise les maisons des riches propriétaires de Fire Island en les couvrant de graffitis propalestiniens. Priorisons les propriétaires sionistes, mais attaquons-nous à toustes celleux qui sont riches
3. Un boycott généralisé de Fire Island. La majorité des gays huppés, riches et glamours ne vont pas aimer cette demande, mais je les emmerde. Je ne veux pas habiter un monde où Fire Island et sa bullshit de riches cadres d’entreprise homos représente notre idéal.
4. Qu’on publie la liste de toutes les personnalités gays, trans et non binaires adhérant à des idées sionistes (ou qui sont restées silencieuses). Nous avons besoin de pousser les gens à prendre position et qu’iels aient honte de leur inaction.
5. Que soit planifiée une fête fabuleuse mettant de l’avant des personnalités queer cools et réputées, puis qu’on n’utilise pas l’argent récolté avec la vente des billets pour tenir l’événement, mais qu’on le donne plutôt à des organisations qui travaillent à la libération de la Palestine.
6. L’interruption d’un événement de la pride au nom de la Palestine. Un événement qui n’est pas forcément corporatif, qui soit organisé par des personnes trans et queers. L’idée serait d’inviter les gens à quitter l’événement en question pour envahir la rue et manifester à la place.
7. J’ajoute ceci : saches que dans ces scénarios, il est possible que tu tombes sous des tirs alliés. Si ça se produit, il faudra comprendre que ces actions ne sont pas dirigées forcément contre toi.
Plus que jamais, nous avons besoin du sentiment d’urgence qui a motivé Act Up et Gran Fury
En tant qu’éditeurice obsédé par l’idée de dissémination, je m’inspire de groupes comme Gran Fury [collectif d’artistes militants contre le sida issu de Act Up] dans des moments comme celui-ci. Ce qui m’a décidé à écrire ce manifeste est d’ailleurs la lecture de Read my Lips. Art is Not Enough, un catalogue publié pour accompagner l’expo sur Gran Fury du Museum de Arte de Sao Paolo. La situation actuelle est aussi urgente que celle à laquelle faisaient face les militant·es à la fin des années 1980, quand les activistes de l’époque ont créé des groupes comme Act Up et Gran Fury pour répondre à l’urgence de la situation pandémique. Je perçois tellement de similitudes entre la façon qu’ont eu Ronald Reagan et H.W. Bush de prendre en charge cette crise du sida et la manière dont Joe Biden et Donald Trump gèrent le génocide actuel en Palestine. Dans les affiches créées par Gran Fury et Act Up à leur tout début, je vois des nombres de morts similaires, et un même manque d’empathie.

Dans un poster créé par Gran Fury en 1989 dont j’ai vu la reproduction dans le catalogue d’Expo, par exemple, on peut lire ceci : « Après 47,524 morts, l’art ne suffit plus ». Pendant les occupations du campus à Columbia en 2024, tout ce que j’ai eu à faire, à genderfail, c’est de reprendre le visuel de ces mêmes posters pour remplacer la crise du sida par le génocide en Palestine. La raison derrière mon geste, c’était de motiver les gens à se tourner vers le passé pour renouer avec ce que notre histoire de libération peut avoir d’inspirant, et d’insister sur le fait que la libération de la Palestine doit aussi être un enjeu queer. Gran Fury est un modèle qui éclaire pour moi la manière dont le travail d’impression et de publication peut participer à un effort de libération.
Tu n’es pas forcément l’ennemi, mais tu peux très certainement le devenir
Je veux aussi être clair·e sur un point. Tu n’es pas l’ennemi si tu participes à un événement de la pride ce mois-ci. Mais je ne veux pas que tu aies l’impression que c’est un geste révolutionnaire, qui correspond aux besoins urgents et actuels, de le faire. La pride en l’état actuel des choses n’est pas intéressée par la libération queer. Nous avons besoin d’être plus critiques et plus combatif·ves. Nous avons besoin de résister au capitalisme et à toutes les morts, la violence et la souffrance qu’il génère.
Si tu te sens coupable et que tu as l’impression d’être une mauvaise personne en lisant ceci, c’est l’objectif : fait quelque chose, n’importe quoi, ou alors tu glisseras encore plus irrémédiablement dans la pourriture morale qui caractérise cette société injuste. Nous vivons une époque où ne rien faire signifie prendre le parti de l’oppresseur. Fais quelque chose, peu importe quoi, afin d’exiger et de contribuer à construire une société plus juste, dans laquelle nous ne finançons pas un génocide avec nos esti de taxes. Exige un système de soin universel, un salaire universel, une prise d’action face aux changements climatiques. Pendant le mois de la pride, rends-toi à une manifestation. Éduques-toi et éduques les autres, rassemble-toi avec tes ami·es pour planifier une action, rejoins l’une des nombreuses initiatives qui existent déjà dans ta ville, ta région. Va à la fucking pride, mais le lendemain, va en manif.

Il n’y a pas de moyen de rester pur·e dans ce système. Je sais que nous ne pouvons pas être les militant·es pur·es que j’exige que nous soyons. Mais je n’attends pas la perfection, j’attends l’action, quoique imparfaite. Des erreurs seront faites, mais nous nous serons rapprochées, mêmes un peu, du monde que nous voulons habiter. Je suis tout simplement dégouté·e qu’on préfère le sexe à la révolution, qu’on préfère le self care à la possibilité de mettre fin à un génocide. J’espère que ce texte trouvera un chemin jusqu’à celleux qui ont toujours considéré que les gens comme moi étaient un problème en raison de leurs demandes « radicales » et déraisonnables. En tant que personne handi qui ne peut pas toujours participer aux manifestations publiques, j’essaie de contribuer en écrivant ceci. Utilises ton énergie débridée pour prendre la rue. Utilises tes muscles, empare-toi de ton désir, et sers-toi-en pour semer la peur chez les flics. Riposte aussi fort que tu fourres, résiste aussi fort que tu danses, et laisses les envies irrépressibles qui te submergent être dirigées vers des objets comme la liberté et l’autodétermination. Dans ta ferveur révolutionnaire, danse pour assurer la révolution, non seulement pour nos camarades palestinien·nes, mais pour toustes.
Plusieurs d’entre vous le font déjà, et je vous en suis reconnaissant·e. J’ai une dette envers vous. Quant aux autres : le moment est venu de joindre la libération queer.
[i] La section du manifeste original allant des pages 28 à 35, intitulée SAVE THE DOLLS : THE GLAMOUROUS QUEERS AND THE LIBERATORY QUEERS n’a pas été traduite. Par manque de temps et de ressources nécessaires pour bien mener le travail, je me suis concentrée sur les parties liées plus explicitement à la pride.