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Une deuxième journée de manifestation pour Abisay Cruz !

Par Louve Rose

Violence policière et courage populaire

Pour la deuxième fois cette semaine, plusieurs centaines de personnes se sont réunies dimanche après-midi à l’appel de la famille et des proches d’Abisay Cruz.

Aux alentours de 16 h, les proches de la famille Cruz, accompagné·es de plusieurs centaines de résident·es du quartier et de sympathisant·es, ont pris le boulevard Pie-IX vers le sud, après quelques mots prononcés par la famille d’Abisay. L’énergie était d’autant plus fébrile que la manifestation de mardi avait mis en lumière la violence du SPVM et la détermination des manifestant·es.

Pour rappel, le jeune homme de 29 ans a été assassiné une semaine plus tôt par des agents du SPVM. Plusieurs résident·es du quartier nous ont mentionné que les policiers impliqués étaient connus du quartier et avaient un historique de violence et de harcèlement. Toutes les personnes avec qui nous avons pu échanger ont partagé une image très positive du jeune homme.

Nous mettons de l’avant le regard positif de la communauté pour honorer la mémoire d’Abisay Cruz et non pour opérer une distinction entre les « bonnes » et les « mauvaises » victimes. Image positive ou non, les meurtres perpétrés par la police sont injustifiables.

Rapidement, fumigènes, feux d’artifice et drapeaux se sont mêlés aux chants réclamant « Justice pour Abisay » et aux slogans de type « Flics, porcs, assassins » et « Tout le monde déteste la police ». La tension était palpable malgré les appels au calme. Un arrêt devant le poste de quartier 30 a presque dégénéré en escarmouche avant que la manifestation ne reprenne vers le sud.

Manifestant·es confrontant une ligne d’anti-émeute au croisement de Pie-IX et de l’autoroute 40. Photo par The Purple Line (2025)

C’est finalement à l’intersection de Pie-IX et de l’autoroute métropolitaine que les policiers ont décidé d’intervenir après que les manifestant·es aient réussi à déjouer les lignes d’anti-émeute en escaladant une clôture pour se frayer un passage jusqu’à une bretelle d’autoroute.

Une charge de policiers armés de boucliers et une pluie de lacrymogènes ont dispersé les manifestant·es, qui ont réussi à quitter la bretelle où se trouvaient plusieurs véhicules. Pendant ce temps, les policiers en ont profité pour brutaliser les manifestant·es resté·es à l’arrière. Trois d’entre elleux ont été violemment arrêté·es durant l’opération. Plusieurs vidéos circulant sur les réseaux montrent les policiers brutalisant des manifestants avec une violence absurde et des abus de pouvoir flagrants.

Après quelques minutes, les manifestant·es dispersé·es sont parvenu·es à se regrouper et à reprendre la rue malgré la pluie de lacrymogènes et les charges répétées de l’anti-émeute. S’en est alors suivie une poursuite dans les rues résidentielles du quartier où des policiers à vélo traquaient les petits groupes de manifestant·es toujours en mouvement.

Le déploiement de violence du SPVM n’a pas réussi à arrêter les manifestant·es, qui ont déjoué à plusieurs reprises le service de police. Ces-dernier·ères ont notamment réussi à revenir en grand nombre aux coins de la 47e avenue et du boulevard Pie-IX, là où la manifestation avait commencé. Plusieurs heures plus tard, des manifestant·es étaient toujours sur place pour soutenir la famille et dénoncer l’injustice. Selon les différentes sources avec qui nous nous sommes entretenu·es, on pourrait compter entre trois et treize arrestations à l’issue de cette manifestation.

Photo par The Purple Line (2025).

Plusieurs manifestant·es se sont ensuite joint·es à la vigile organisée à 18 h au coin des rues Saint-Hubert et Maisonneuve qui visait à honorer les trois personnes tuées en 24 heures par le SPVM et le SPVQ (dont Abisay). Cette vigile et manifestation a duré jusqu’à tard en soirée malgré une très forte présence policière.

Ces deux événements auront finalement eu raison du silence complice des médias qui ont enfin décidé, avec plusieurs jours de retard, de couvrir le meurtre d’Abisay, et ce, après avoir ignoré pendant plus d’une semaine l’affaire. Ceci nous rappelle la nécessité de sortir dans la rue et de brasser la cage pour être entendu·es. Il reste beaucoup de chemin à faire avant que le corps policier ne soit réellement tenu responsable, et une expansion du mouvement sera indispensable si nous espérons pouvoir mettre fin aux violences policières. Nous restons à l’affût des futures mobilisations !

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