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Une Lettre ouverte du communautaire dénonce Fierté !

Trois organismes jeunesses LGBTQ+ dénoncent Fiertés  Montréal et coupent les ponts avec le festival.

Le 19 mars dernier, trois organismes diffusaient sur leurs réseaux une lettre ouverte. Signée par Jeunesse Lambada, Alter Héro et la Coalition des groupes jeunesse LGBTQ+, elle explique leur décision commune de couper les ponts avec Fierté Montréal.

Depuis 2017, Jeunesse Lambda, AlterHéros et la Coalition des groupes jeunesse LGBTQ+ organisent l’Espace Bienveillant Jeunesse à Fierté Montréal. Nous avons remis cette collaboration en question à plusieurs reprises, mais nous avions conclu que l’importance d’offrir un tel espace aux jeunes 2SLGTBQIA+ surpassait les critiques que nous avions par rapport à Fierté Montréal.

Par contre, cette année, Fierté Montréal a posé des gestes inexcusables, notamment en refusant de soutenir la libération de la Palestine, en collaborant avec des entreprises qui financent le génocide palestinien et en appuyant la violence policière perpétrée contre les personnes et organisations qui ont dénoncé cette injustice lors du défilé.

Voici ce qu’on pouvait lire sur une publication Facebook du groupe Jeunesse Lambda.

Cette démarche de la part des organismes survient alors que le festival commence à mettre en marche sa machine d’organisation pour l’année 2025. D’autres groupes ont aussi mis fin à leur collaboration cet hiver en retirant leur adhésion à Fierté Montréal, notamment Helem Montréal et le Centre de Solidarité Lesbien. Souvent critiqué, Fierté Montréal a été visé par des groupes militants l’année dernière notamment en raison de son silence face au génocide en Palestine et du maintien de ses liens avec des groupes et des compagnies complices. Notre premier article en tant que média portait d’ailleurs sur le sujet.

Deux mobilisations avaient alors été menées par les groupes militants queer radicaux et leurs allié·es contre le festival. La seconde Radpride, qui visait à remplacer la parade de la fierté par une manifestation combative, s’était tenue la veille au soir et dénonçait le pinkwashing et la complicité du festival. Le lendemain, une action de perturbation pacifique organisée par le groupe la FAGS avait paralysé la parade.

À l’aube de l’ouverture de l’appel aux projets communautaires de Fierté Montréal, Jeunesse Lambda, AlterHéros et la Coalition des groupes jeunesse LGBTQ+ prennent la décision de ne pas répondre à cet appel. Nous appelons également à la solidarité communautaire, et invitons les organismes communautaires à emboîter le pas.

À l’été 2024, Jeunesse Lambda et AlterHéros ont encore une fois organisé l’Espace jeunesse bienveillant à Fierté Montréal.

Avec 955 jeunes présent·es, ce fût un succès.

Comme chaque année, ce succès ne peut pas être attribué à Fierté Montréal.

Collaborations financières avec des entreprises finançant un génocide, refus de se responsabiliser politiquement, instrumentalisation des identités et vécus 2SLGBTQIA+ à des fins de pinkwashing, coopération avec la police pour réprimer et brutaliser des organisations pro palestiniennes, Fierté Montréal a, par ses actions et ses paroles, pris, encore cette année, position contre nos communautés les plus marginalisées.

– Extrait de la lettre

Les trois groupes signataires appellent le milieu communautaire à emboîter le pas en coupant les ponts avec le festival et appellent plus largement à la signature de la lettre. L’année dernière, l’Association des étudiant·es diplômé·es employé·es de McGill (AÉÉDEM) et le Syndicat des travailleurs de la recherche et de l’éducation de Concordia (CREW-CSN) avaient déjà lancé un appel commun de dénonciation et de non-participation à la marche de la fierté. Les deux syndicats invitaient aussi leurs membres à prendre part à la Marche Trans et à la RadPride.

Plusieurs groupes communautaires avaient alors essayé de naviguer sur la fine ligne entre dénonciation et participation, refusant de couper les ponts tout en exprimant leur critique du festival. Helem Montréal, Mubaadarat, et Voix juives indépendantes avaient notamment cosigné une dénonciation du festival, tout en organisant un contingent dans la parade.

Cette lettre marque donc une coupure nette avec Fierté Montréal et rappelle la démarche des syndicats, à la différence qu’ici les organismes n’incitent pas leurs membres à participer à d’autres initiatives en remplacement de la Fierté.

Les groupes présentent plutôt des demandes que le Festival devra remplir pour obtenir leur participation. 

En tant qu’organismes communautaires par et pour les jeunes 2SLGBTQIA+, nous avons à cœur de représenter les intérêts de nos communautés en mettant de l’avant les enjeux vécus par les plus marginalisé·e·s d’entre nous. Vu les actions récentes, et moins récentes, de Fierté Montréal, nous prenons la décision de mettre fin à nos activités et à nos collaborations avec l’organisation. Nous ne reconsidérerons cette décision que si les demandes suivantes sont mises en place d’ici l’édition 2025 de Fierté Montréal.

Nous demandons:
  • Que Fierté Montréal prenne clairement position pour la libération de la Palestine et reconnaisse que les actions posées par Israël constituent un génocide contre le peuple palestinien;
  • Que Fierté Montréal reconnaisse et dénonce le rôle d'élu·e·s locaux(notamment par des politiques d'immigration discriminatoires) et d'entreprises établies sur le territoire dit du Québec dans ce génocide, et refuse l'association, la collaboration et le financement par ces acteurs;
  • Que Fierté Montréal cesse toute collaboration, financière ou autre, avec des organisations qui ont des intérêts financiers liés à Israël;
  • Que Fierté Montréal centre les différentes revendications et critiques formulées par Helem Montréal, Mubaadarat, la Faction Anti Génocidaire et Solidaire (F.A.G.S) et les panélistes du panel Naviguer les marées de l’identité: Voix de la jeunesse trans et non-binaire, ainsi qu’aux critiques formulées dans la présente lettre;
  • Que Fierté Montréal s’engage à respecter le droit de manifestation de nos communautés et se désolidarise du SPVM. La police n’a pas sa place dans nos revendications;
  • Que Fierté Montréal remette en question les organisations avec lesquelles Fierté Montréal collabore et ne maintienne des liens qu’avec des organisations qui mettent de l’avant les luttes pour les personnes les plus marginalisées structurellement et matériellement dans nos communautés et brise les liens avec les organisations qui font du pink washing.

– Extrait de la lettre

C’est avec attention que nous suivrons les déploiements de cette affaire, curieux·ses de voir si d’autres groupes du milieu communautaire prendront le train en marche, et si les groupes signataires se rallieront aux mobilisations qui prennent place en marge de la fierté chaque année. 

Ni la marche trans, ni la RadPride n’ont été annoncées pour l’instant, mais des invitations ne devraient pas tarder à venir prochainement. Face aux critiques se multipliant d’année en année au sujet de Fierté Montréal, il est possible que nous assistions à un affaiblissement de l’évènement et à un renforcement des initiatives militantes alternatives, qui se mobilisent en cette période de commémoration des mobilisations du Sex Garage pour réaffirmer le caractère politique des luttes queer/trans.

Ce qui est sûr, c’est que nous garderons l’oeil ouvert autant sur la direction que les organismes prendront, que sur la réaction de Fierté Montréal.

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