Faire front entre communautés queer et migrantes

Prise de parole de Front Rose, dans le cadre de la manifestation « Régularisation maintenant! Bloquons la loi C-12! Se retirer de l’Entente sur les tiers pays sûrs! », organisée par Solidarité sans frontières le 19 octobre 2025.

Bonjour à vous toustes, et merci à Solidarité sans frontières de nous avoir invités à prendre la parole aujourd’hui.

Je suis ici au nom du collectif autonome et média indépendant Front Rose. Front Rose est un projet qui a émergé du mouvement Queer Révolutionnaire, qui a voulu le doter d’un média militant et politique capable de porter ses voix et ses combats.

Si le projet est né d’un contexte de mobilisations queers, il cherche à faire le lien plus largement entre toutes les luttes de libération et à développer des espaces communs d’échange et de réflexion pour nourrir tous nos combats.

Parmi les différentes luttes qui traversent la société, il est évident que la question de la justice migratoire est centrale dans le contexte actuel. C’est un sujet qui mérite d’être mieux connu et mis de l’avant dans les mobilisations des communautés queers et militantes en général.

Nous sommes d’ailleurs très chanceuses d’avoir récemment pu accueillir sur notre site un texte d’Hady Anne sur la question du projet de loi C-2 (maintenant C-12).

Cet article démontre bien comment ce projet de loi, porté par le gouvernement Carney, a des allures de trumpisme à la canadienne et nous rappelle qu’ici aussi, l’extrême droite gagne du terrain dans la société, y compris dans le Parti libéral.

Cette extrême droite contemporaine fait ce que l’extrême droite a toujours fait, c’est-à-dire viser des communautés déjà marginalisées pour les désigner comme ennemies intérieures et menaces à l’intérêt de la nation, afin de prendre le pouvoir sur leur dos.

C’est là que la nécessité de s’allier entre mouvements queer/trans et mouvement migrant se rend apparente. Parce que de PSPP à Trump, en passant par Orban et Danielle Smith, l’internationale fasciste a désigné deux communautés comme cibles principales à abattre.

D’un côté, on nous rabat les oreilles à coups de grand remplacement ou d’invasion migratoire, et de l’autre, on essaie de faire croire à l’existence d’un lobby trans et d’une infiltration de la prétendue « idéologie de genre » dans les écoles.

L’ennemi nous indique clairement qu’il compte prendre le pouvoir en s’attaquant, entre autres, aux communautés immigrantes et aux communautés queer/trans.

C’est nous, membres de ces communautés, qui sommes désignées comme ennemies de l’intérieur, comme menaces à l’ordre et au pouvoir de la nation. Cette vague fasciste veut nous arracher les un·es et les autres à nos droits et nous transformer en sujets de seconde zone.

C’est donc évident que nous avons tout intérêt à nous allier et à nous soutenir dans la lutte.

Pourtant, récemment, l’extrême droite a cherché à monter les communautés immigrantes et queers les unes contre les autres.

On essaie de nous faire croire, de plus en plus, que l’arrivée de communautés immigrantes serait un facteur de recul des droits LGBTQ+.

Plutôt que de voir comment ce sont les puissants et les réactionnaires qui nous menacent, ils aimeraient nous voir nous battre entre opprimé·es.

Mais malgré leurs efforts, il reste et restera toujours clair pour nous que celles et ceux qui menacent de retirer des droits ne sont pas à Montréal-Nord, Parc-Extension, Saint-Michel ou à Côte-des-Neiges : ils sont au Parlement, à Québec et à Ottawa ; ils sont sur les plateaux de TVA et dans les rangs de la bourgeoisie ! Nos vrais ennemis ne se trouvent pas du côté des dominé·es, mais des dominant·es !

Pour ces raisons, nous appelons nos communautés queer et trans à mettre la lutte des communautés migrantes et des sans-papiers au centre de leurs politiques et à se saisir de la menace du projet C-12 comme d’un des grands enjeux de notre temps.

La lutte des personnes migrantes, réfugiées, sans-papiers et généralement en exil devrait être d’autant plus au cœur des préoccupations des mouvements trans que l’offensive transphobe menée à l’international force de plus en plus de nos adelphes à quitter leurs communautés et à chercher refuge ailleurs.

On ne peut pas se battre pour les communautés trans sans se battre pour la fin des frontières et la libre circulation de tous les individus !

Nous réclamons la totale autonomie des individus sur leurs corps et leurs vies, de la médecine à la frontière ! Nous réclamons la régularisation de tous les sans-papiers et l’ouverture des frontières à tous celles et ceux qui cherchent à venir vivre ici.

Merci beaucoup !

À bas le projet de loi C-12 !
À bas les frontières !
Un statut pour toustes maintenant !

Ensemble, nous vaincrons !